Page:Marmette - François de Bienville, scènes de la vie canadienne au 17è siècle, 1870.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.
141
FRANÇOIS DE BIENVILLE.

tapage mit en un moment le civil et le militaire en émoi.

Sir William Phips avait compté sans l’orage et la marée pour le débarquement de ses troupes de terre.

Car le vent prenant les embarcations en flanc, les entraînait vers la ville ou les poussait sur des brisants que la marée baissante laissait à découvert. L’un de ces bateaux commandé par le capitaine Savage — Harthing était à son bord — parvint cependant en forçant de rames à se diriger vers la terre en droite ligne ; mais le reflux laissa cette embarcation à sec entre la rivière Saint-Charles et l’église de Beauport ; en vain voulut-elle regagner le large, il n’était plus temps.

Ceux qui la montaient se trouvèrent alors dans la plus critique des positions ; car ils ne pouvaient plus communiquer avec les leurs qui s’étaient empressés de rejoindre les vaisseaux. Leur situation était d’autant plus précaire qu’ils furent bientôt attaqués par quelques Canadiens qui accouraient déjà sur le rivage.[1]

Pendant plusieurs heures la barque anglaise, et ceux qui la montaient, souffrirent beaucoup d’une mousquetade bien nourrie dirigée sur eux par les habitants de Beauport que commandait leur seigneur M. Juchereau de Saint-Denis. Mais on dut se contenter de part et d’autre de s’attaquer de loin ; car le terrain mouvant et vaseux des battures

  1. « On the next morning, we attempted to land our men, but by a storm were prevented, few of the boats being able to row ahead, and found it would endanger our men, and wet our arms ; at which time the vessel Capt. Savage was in went ashore, the tide fell, left them dry, the ennemy came upon them. » (Journal du major Whalley, commandant en chef des troupes de terre.)