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CHAPITRE HUITIÈME.



mousquetade et mousquets.


Le matin du 17 octobre s’annonça sombre, humide et froid. Une forte brise de nord-est soulevait des vagues dans le port et les affolait en les irritant, tandis qu’une pluie fine et pénétrante jetait son gris manteau de vapeurs sur la ville engourdie.

Sept heures sonnaient au château, lorsque la sentinelle qui grelottait sur la terrasse, crut voir, au travers du brouillard, plusieurs embarcations se détacher des vaisseaux ancrés au milieu du fleuve. Le factionnaire se persuada bientôt à n’en point douter, que ces chaloupes étaient chargées d’hommes.[1] Aussitôt il donna l’alarme, selon les ordres qu’il avait reçus.

Nous avons vu plus haut que le château était bâti à l’endroit où est maintenant notre plate-forme. Située à quatre-vingts pieds au-dessus du niveau du fleuve et sur le sommet de la falaise, la maison du gouverneur général avait alors deux étages et cent vingt pieds de long, avec deux pavillons à chaque bout. La terrasse qui régnait en avant du château et regardait le fleuve et la basse ville, était longue de quatre-vingts pieds. Le château était irrégulier dans sa fortification, n’ayant que deux bastions du côté de la ville, et situés tous deux à l’endroit où est

  1. Voir nos historiens.