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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

pouvaient défendre eux-même d’une certaine inquiétude, convinrent ensemble de veiller avec un soin extrême sur la petite maison de la rue Buade.

Ils décidèrent que durant le jour la jeune fille demanderait l’hospitalité des Dames Ursulines, et que les nuits où Louis serait appelé au dehors par le service, François viendrait au logis.

Et comme il était déjà tard, Bienville fit ses bonsoirs et retourna au château.

M. de Frontenac y veillait encore ; Bienville lui ayant fait demander un moment d’entretien, lui raconta qu’une lettre, partie du vaisseau amiral avait été apportée mystérieusement à Mlle d’Orsy. Comment avait-elle pu parvenir à sa destination ? Était-ce par l’entremise d’un traître ou d’un espion ?

— Le fait est grave, dit M. de Frontenac, et, si ce n’est un traître, l’espion qui pénètre ainsi dans nos murs est bien hardi ; et je ne vois nullement par où quelqu’un peut s’introduire dans la place. J’ai placé des sentinelles partout où leur présence peut être requise. Mais je pensais, précisément avant que vous entriez, qu’il serait bon d’établir une barricade à l’entrée de la rue Sault-au-Matelot. Car, à la faveur d’une nuit noire et de la marée haute, l’ennemi pourrait opérer un débarquement sur les bords de la rivière Saint-Charles et arriver, inaperçu, par la rue Sault-au-Matelot, jusqu’au pied de la côte de la Montagne. Je crois donc qu’il serait expédient de faire élever de suite une barricade à l’endroit que je viens d’indiquer. Aussi vais-je donner mes ordres pour qu’on la commence immédiatement. D’ailleurs, dit le comte on congédiant le jeune homme, je vais voir à ce qu’on exerce une surveillance secrète.