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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Surprise par cette brusque déclaration, Marie-Louise restait muette.

— Oh ! dites-moi, s’écria-t-il, avec plus d’ardeur encore, dites-moi que vous ne refusez point mon amour. Mettez un terme, aussi éloigné que vous le voudrez, à l’accomplissement de mes vœux les plus chers, mais promettez-moi, Marie-Louise, d’être ma femme un jour ?

Aussi pâle que le blanc fichu qui recouvrait sa gorge agitée, Mlle d’Orsy se leva, et jetant à l’Anglais un regard où la colère et le dédain semblaient rivaliser :

— Jamais ! dit-elle.

— Oh ! n’est-ce pas que je n’ai point compris, s’écria le malheureux en se jetant à genoux devant elle.

— La fille des barons d’Orsy ne peut pas être la femme d’un homme dont les compatriotes ont tué mon père ! Allez ! monsieur.

Et d’un geste royal, la noble enfant lui fait signe de sortir.

Mais l’insensé oubliant tout devant sa douleur, saisit la main de Marie-Louise.

En ce moment la porte s’ouvre avec violence et Louis, d’un bond, se jette sur Harthing.

— Comment ! monsieur, dit-il d’une voix qui tremble à faire peur, voudriez-vous abuser de la faiblesse d’une jeune fille ! Seriez-vous un lâche, monsieur l’officier !

Celui-ci veut répondre, mais la honte de sa défaite, la rage l’en empêchent ; et les mots s’arrêtent dans sa gorge desséchée où les sons s’accrochent rauques et sifflants.