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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

dément Marie-Louise.

— Certainement, monsieur, veuillez entrer, répondit celle-ci qui rougit pourtant à la pensée de se trouver seule avec le jeune homme.

Et montrant, de sa main délicate, un siège à l’officier, elle alla s’asseoir, mais à certaine distance de l’étranger.

— Où veut-il en venir ! pensa Marie-Louise de plus en plus embarrassée.

— Permettez-moi d’abord, continua John Harthing, de m’excuser auprès de vous d’avoir caché sous de vains prétextes les fréquentes visites que je vous ai faites depuis quelques semaines. Vous me pardonnerez peut-être, quand je vous aurai dit que je vous aimai du premier jour que je vous vis.

Ces derniers mots firent sur la jeune fille l’effet d’une piqûre acérée ; car un mouvement nerveux la fit se redresser soudain, tandis que l’expression de sa figure devenait sévère, et que le sang fuyait ses joues.

Harthing troublé lui-même prit en bonne part l’émotion que ses paroles semblaient produire sur la jeune personne. Et s’enhardissant à mesure qu’il croyait causer une impression à la fois favorable et croissante :

— Oh ! oui, mademoiselle, je vous aime comme vous ne l’avez jamais été sans doute et comme peut-être vous ne le serez jamais. Vous êtes devenue, sans vous en douter, le but de toutes les aspirations de ma vie, mon seul bonheur, mon seul espoir. Dans le culte que je vous ai voué, le plus indifférent de vos gestes fait ma joie. Que serait-ce donc, ô mon Dieu ! si votre regard venait répondre au mien, et si d’un mot vous alliez réaliser mes craintives espérances !