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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

cornes et bordé d’or. Son manteau de voyage, de couleur sombre, aussi galonné d’or, laissait entrevoir un long justaucorps gris à parements et à retroussis de couleurs tranchantes, avec, au-dessous, une courte veste brodée. Il portait encore des nœuds de cravate de point, des nœuds d’épaule et d’épée. De plus, le bas de ses chausses s’engouffrait en bouffant dans des bottes de chasse évasées par le haut, dont il avait eu la précaution de se munir pour le voyage. Les poignets de ses mains blanches, mais amaigries par l’âge, se perdaient dans les gracieux replis de deux manchettes de point. Un large baudrier, tout damasquiné d’or, lui descendait enfin de l’épaule droite en ceinturant le corps, et retenait une bonne épée dont le bout du fourreau relevait le manteau par derrière, tandis que la poignée, appuyée sur sa hanche gauche, laissait miroiter à la lumière des bougies, mille pierreries dont la garde était ornée.

MM. Provost et De Bienville étaient habillés d’une manière analogue, bien qu’un peu moins richement. Ainsi, un simple filet d’or bordait le chapeau du major, tandis que celui du jeune LeMoyne n’était ceint que d’un galon d’argent. Toutefois, M. Provost, au lieu d’être chaussé de lourdes bottes, comme le comte et Bienville, ne portait que des bottes de ville, ou bottines, et de longs bas de soie noire qui laissaient librement se dessiner son musculeux mollet.[1]

François LeMoyne, sieur de Bienville, compagnon de voyage de M. de Frontenac, avait vingt-quatre ans. Bien qu’il doive être un des principaux acteurs dans

  1. Tel était le costume du temps chez les nobles et les gens d’épée. Voyez Monteil, « Histoire des Français des divers états » : on peut encore consulter le « Mercure Galant », les gravures et les romans de l’époque.