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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

comte de Frontenac au Canada, vers la fin de l’année 1689, comme le seul qui pût réhabiliter le prestige du nom français en ses lointaines possessions.

Aussi, les détracteurs de M. de Frontenac ont beau le décrier pour ravaler son mérite, cette marque de confiance de Louis le Grand, dans une situation si délicate, impose, il me semble, plus de respect que leurs clameurs outrées. D’ailleurs, ce qui prouve beaucoup en faveur de l’habile administrateur, c’est qu’à son retour à Québec, il fut reçu avec de grandes démonstrations de joie par tous les habitants, y compris ceux-là mêmes qui avaient le plus contribué à son rappel en France, quelques années auparavant.

Peu de temps avant l’arrivée de ce gouverneur, le tomahawk iroquois avait frappé le plus terrible des coups à Lachine, où deux cents personnes avaient péri dans cette tragique journée. Les barbares auteurs de ce lugubre drame promenaient encore par le pays l’effroi de leurs armes, quand le comte de Frontenac arriva, pour ainsi dire, à la rescousse des pauvres colons.

La situation prit dès lors un autre caractère. Dans l’espace de quelques mois, Schenectady, Salmon Falls et Casco, bourgs fortifiés de la Nouvelle-Angleterre, disparaissaient sous des ruines ; tandis que les Iroquois étaient repoussés, et que le brave d’Iberville laissait aux Anglais, dans la baie d’Hudson, les sanglants souvenirs de ses audacieuses victoires.

Tel était le comte de Frontenac, gouverneur de la Nouvelle-France, au début de ce récit.

Au moment où nous vous introduisons à lui, sa tête, ornée d’une perruque légèrement poudrée et à torsades, ou tire-bouchons, descendant à droite et à gauche de sa mâle figure, était coiffée d’un chapeau à trois