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CHAPITRE SEPTIÈME.



anglais et français.


Sur les huit heures du soir de la même journée, François de Bienville se reposait de ses nobles fatigues auprès de son ami Louis et de son heureuse fiancée.

Comme rien ne laissait présager une attaque nocturne, les deux officiers avaient obtenu congé pour la nuit ; seulement ils étaient avertis qu’un coup de canon, tiré du fort Saint-Louis devait rappeler, en cas d’alerte, officiers et soldats à leur poste.

La conversation roulait naturellement sur les événements de la journée. Aussi, point n’était besoin de lieux communs, cette peste de nos soirées bourgeoises inventées pour la grande mortification des gens d’esprit.

— Mon Dieu ! si vous saviez ce que j’ai souffert aujourd’hui ! disait, avec un tendre accent de reproche, Marie-Louise à son fiancé.

— Qu’est-ce donc qui vous a causé cette souffrance ?

— La crainte.

— Mais vous n’avez couru nul danger, que je sache ?

— Oh ! je n’ai pas tremblé pour moi, mais pour vous seulement.

— Pour moi !

— Cela vous étonne ? Mais vous ne savez donc pas que je vous ai vu lutter contre les flots, et que chacun