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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

son buste ; et, se levant debout sur les épaules de ses porteurs, il agita son glorieux trophée sur la foule qui ondoyait à ses pieds, en criant d’une voix tonnante :

— Vive la France ! et mort à l’Anglais !

Le peuple répondit par un écho terrible qui s’en alla s’éteindre sur la flotte ennemie.

Le cortège continua sa marche vers la « grande église. » Bourgeois et soldats, enfants, femmes et vieillards, tous, tant qu’ils purent, entrèrent dans la cathédrale à la voûte de laquelle on suspendit le glorieux trophée.[1]

Et les prières ardentes de tous ces hommes de foi, montèrent des dalles et des parvis vers l’Éternel qui ouït aussitôt la voix suppliante d’un peuple héroïque.

En effet, à peine François de Bienville et ses deux compagnons, ils avaient enfin repris pied sur le sol, sortaient-ils de la cathédrale, que le bruit mat de plusieurs tambours battant aux champs se fit entendre.

D’abord éloignés, ces sons qui viennent des plaines semblent se rapprocher.

On court vers la rue Saint-Louis, et les vivats d’ébranler de nouveau les airs en joyeuses acclamations.

M. de Callières entrait dans la ville à la tête de huit cents hommes du « gouvernement de Montréal. »

  1. « Les batteries de la basse ville ouvrirent le feu bientôt après. Les premiers coups abattirent le pavillon de Phips ; des canadiens allèrent l’enlever à la nage, malgré un feu très-vif dirigé sur eux de la flotte. Ce drapeau a resté suspendu à la voûte de la cathédrale de Québec, jusqu’à l’incendie de cette église pendant le siège de 1759. » M. Garneau, 3e édit : tome I, page 320.