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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Peut-être la marée… me portera-t-elle… à terre… et…

— Dieu me pardonne ! chevalier,… mais vous divaguez… Allons ! courage, ami,… voici qu’on vient à nous.

En effet, des chaloupes, que M. de Maricourt envoyait pour les recueillir, accouraient à force de rames.

Et quelques minutes plus tard, les trois nageurs étaient hissés sur la première embarcation venue, par dix bras empressés.

M. LeMoyne de Maricourt ayant eu la prévoyance d’envoyer leurs habits aux jeunes gens, ceux-ci n’eurent pas le temps de frissonner sous la froide haleine d’une brise de nord-est qui s’élevait en ce moment.

— Ouf ! les dents me font mal, car le pavillon était lourd à traîner, dit Bienville en reprenant haleine.

— C’est qu’il est chargé de gloire, repartit d’Orsy.

— Sans vous, messieurs, j’allais sombrer, dit Clermont. Aussi entre nous est-ce désormais à la vie et à la mort.

— Êtes-vous blessé gravement, lui demanda Bienville avec intérêt.

— Non, je n’ai qu’un lambeau de chair de parti, mais j’ai perdu beaucoup de sang ; ce qui ne m’empêchera pourtant pas de faire le coup de feu demain.

Le canot monté par Bienville et d’Orsy touchait en ce moment la levée.

Ici une véritable ovation attendait les trois braves. Car à peine eurent-ils mis pied à terre, que vingt robustes gaillards les enlevèrent du sol pour les porter