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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

— Diable ! êtes-vous blessé, Clermont ? lui dit aussitôt François en voyant une teinte rougeâtre colorer l’eau près du premier.

— Ne m’en parlez pas, Bienville,… ces mécréants m’ont… entamé la jambe droite… justement la meilleure, les chiens !

— Es-tu fatigué,… d’Orsy ? demanda Bienville.

— Pas le moins du monde…

— Dans ce cas… continue de nager… à droite de notre ami ; je vais en faire autant… à sa gauche… pour le soutenir aussi.

— Messieurs, repartit alors le chevalier de Clermont, j’ai bien peur… que vous ne puissiez pas… gagner terre… en me soutenant ainsi… Laissez-moi donc… m’en tirer seul… Bah ! en supposant… que je périsse… un jour plus tôt,… un jour plus tard… cela ne fait rien.

— Or çà, chevalier, répliqua Bienville, pour qui nous prenez-vous donc ? Allons ! laissez-nous faire… et tout ira bien.

Et ils continuèrent d’avancer vers la terre, tout en entendant passer des projectiles autour d’eux.

Les artilleurs de la ville ne restaient cependant pas inactifs, et pour protéger la retraite des trois braves, ils nourrissaient un feu d’enfer entre eux et la flotte ennemie ; ce qui eut pour effet d’empêcher les Anglais de mettre leurs chaloupes à l’eau, et de poursuivre les trois Canadiens.

Mais ceux-ci avançaient lentement ; car M. de Clermont, dont la blessure n’était pas grave, mais qui pourtant perdait beaucoup de sang, ne pouvait presque pas s’aider à nager.

— Soyez raisonnables,… mes chers amis, dit-il bientôt. Laissez-moi,… je vais faire la planche…