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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

— Et vos Anglais ? demanda Louis d’Orsy qui suivait son ami de près.

— Bah ! repartit Bienville en se tournant sur le dos pour faire la planche, afin de permettre à Clermont, qui tirait de l’arrière, de le rejoindre, bah ! nous en eûmes… bientôt raison. Allons ! chevalier, arrivez donc… Êtes-vous engourdi ?

— Depuis que j’ai reçu… certain coup… de tomahawk… sur la jambe gauche,… je nage… avec peine.

— Dans ce cas… retournez à terre.

— Bienville… vous voulez me rendre… la monnaie de ma pièce… de tantôt… Il est vrai que vous êtes… dans votre droit… En avant !… messieurs… en avant !

Et les trois nageurs qui se trouvaient alors vis-à-vis de l’ancienne douane, mais à dix arpents de terre, piquèrent au large vers le pavillon. Ce dernier était encore à huit cents pieds plus bas ; mais la marée montante l’entraînait vers les trois gentilshommes.

À cet instant, ils virent jaillir l’eau en plusieurs endroits dans les environs du pavillon que le flux leur apportait, et plusieurs fortes détonations parties de la flotte leur firent lever la tête.

D’autres décharges succédèrent aux premières et quelques projectiles vinrent, en hurlant, tomber auprès des trois amis.

— Parbleu ! dit alors François de Bienville avec un admirable sang-froid, il paraît que… nous allons au feu dans l’eau… Mais ces messieurs…

Un boulet qui vint s’engloutir à dix pieds de lui et le couvrit d’eau en tombant, lui coupa la parole.

— Ces messieurs… nous prennent décidément…