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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

venait de tomber sur les eaux du fleuve, entraînant sa drisse avec lui.[1]

Et les détonations se succédèrent sans interruption sur les remparts et les quais.

Cependant d’Orsy, Bienville et Clermont, en simple costume natatoire, se tenaient sur le bord de la levée, prêts à sauter dans le fleuve aussitôt que le pavillon serait en vue.

Bienville fut le premier à l’apercevoir.

— En avant, messieurs, dit-il en piquant une tête dans le Saint-Laurent.

Les trois plongeons n’en firent qu’un, puis la tête des nageurs reparut ruisselante hors de l’eau.

— Brrrrrr ! fit d’Orsy en secouant la tête, froide en diable cette eau-là !

— J’ai vu mieux que ça,… à la Baie-d’Hudson… le printemps dernier, dit Bienville qui, nageur émérite, avait déjà quelques pieds d’avance sur ses compagnons. Il nous fallait… emporter un petit fort… dont nous étions séparés… par une rivière… de deux arpents… de large… Mais nous avions compté… sans la fonte des neiges… et l’inondation… La rivière coulait… à pleins bords… quand nous y arrivâmes… Vingt-deux hommes seulement… savaient nager dans ma compagnie… Cinquante Anglais… nous attendaient de l’autre côté… N’importe, je donnai… le signal et l’exemple… et houp ! en avant !… nous y étions… Diable d’eau !… qu’elle était froide !… Elle aurait gelé celle-ci.

  1. « M. de Maricourt abattit avec un boulet le pavillon de l’amiral. » Hist. de l’Hôtel-Dieu.