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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

— Vraiment. Bienville ! fit celui-là.

— Oui chevalier.

— Bien que l’habileté de notre commandant comme artilleur me soit connue, je ne crois pas qu’un boulet de vingt-quatre puisse atteindre sûrement le but que vous lui donnez.

— Vous pourriez bien vous tromper.

— Parbleu ! je le souhaite, mais je tiens à mon opinion.

— Fort bien ! chevalier. Mais moi je parie toujours pour mon frère. Bien plus, la marée monte ; or je m’engage à aller chercher à la nage ce pavillon anglais qui flottera sur les eaux avant un quart d’heure.

— Ah ! Bienville, si je ne savais pas que la forfanterie est aussi loin de votre cœur que le courage en est proche, je croirais cette offre-là fort peu hasardée. Qu’en dois-je donc conclure ?

— Ce que vous en devez conclure, mille bombes ! s’écria Bienville piqué au vif, c’est que nous voulons montrer aux Anglais, mon frère et moi, quels sont les gens qu’ils viennent attaquer. Tiens-tu pour moi, d’Orsy ?

— Certes ! répondit celui-ci, le beau moment pour reculer !

— Pardonnez-moi, Bienville, reprit alors le chevalier de Clermont en tendant la main à son compagnon d’armes. Mordiable ! votre projet de bain glacé me sourit assez, et je vous demande sérieusement la faveur d’être de la partie.

— Oh ! bien volontiers ! d’ailleurs la baignoire est assez grande pour nous trois.

M. de Maricourt venait cependant de pointer lui-même sa dernière pièce, lorsqu’une forte détonation