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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Cette artillerie était servie par des canonniers de l’armée régulière.

Les deux autres batteries, chacune de trois canons, que l’on avait établies à la basse ville, était confiées à deux compagnies de la marine commandées par Paul LeMoyne de Maricourt et par Jacques LeMoyne de Sainte-Hélène. Et certes, elles étaient entre bonnes mains, puisque MM. de Maricourt et de Sainte-Hélène passaient pour les meilleurs canonniers pointeurs de la colonie.

François LeMoyne de Bienville et Louis d’Orsy servant tous deux dans la compagnie commandée par M. de Maricourt, se trouvaient donc rendus à leur poste lorsqu’ils mirent le pied sur la levée où nous avons vu accoster leur canot.

Les pièces étaient déjà chargées, et l’on n’attendait plus pour faire feu que le premier coup de canon qui devait partir de la haute ville.

— Vous arrivez à temps, messieurs, dit alors le sieur de Maricourt à son frère et à Louis d’Orsy ; car je viens de parier avec le chevalier de Clermont[1] que j’abats le pavillon de l’amiral des trois premiers coups que je tire sur l’ennemi. Le chevalier prétend que le vaisseau de Phips se trouve hors de la portée d’une pièce de vingt-quatre. Qu’en dis-tu Bienville ?

Celui-ci mesura du regard l’espace libre qu’il y avait entre la flotte et le quai, puis, se retournant vers son frère

— Je soutiens ton pari contre le chevalier de Clermont.

  1. Le chevalier de Clermont se tenait sur le quai comme spectateur et volontaire, la compagnie dont il était lieutenant n’étant pas encore arrivée de Montréal.