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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

« Détrompez-vous alors, et allez dire à votre maître qu’il n’est à mes yeux qu’un rebelle, puisqu’il a manqué à la foi qu’il devait à Jacques II, son roi légitime, et qu’au nom de Louis-le-Grand, roi de France, je méprise l’insolent défi que votre amiral n’a pas craint de m’envoyer. »

Harting restait confus et humilié par la rude réponse du gouverneur à laquelle il ne s’attendait guère. Il semblait un enfant rougissant d’une verte semonce justement méritée. Mais comme il n’aurait pas été prudent pour lui de transmettre, mot pour mot, à Sir William, les paroles du gouverneur, il demanda une réponse écrite.

— Allez ! lui dit le comte de Frontenac dont l’indignation si longtemps contenue se faisait jour enfin, « allez ! Je vais répondre à votre maître par la bouche de mes canons ! Qu’il apprenne que ce n’est pas de la sorte qu’on fait sommer un homme comme moi ! » [1]

— Messieurs de Bienville et d’Orsy, dit-il ensuite à ceux-ci, reconduisez monsieur avec les mêmes égards et les mêmes précautions qui ont accompagné sa descente à terre.

Quand il entendit prononcer le nom de Bienville, Harthing lança un regard haineux à ce dernier. Dent-de-Loup, qui lui-même tenait ce renseignement de Boisdon, lui avait appris que François était le fiancé de Marie-Louise.

Une demi-heure plus tard, Harthing rejoignait de nouveau sa chaloupe, après avoir toutefois circulé à satiété, parmi les chausse-trapes et les chevaux de frise qui semblaient naître sous ses pas.

  1. Historique.