Page:Marmette - François de Bienville, scènes de la vie canadienne au 17è siècle, 1870.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.
104
FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Vous auriez pu voir encore M. de la Touche, fils du Seigneur de Champlain et le chevalier de Clermont, qui tombèrent glorieusement tous deux sur le champ d’honneur trois jours plus tard.

Il y avait enfin les de St. Ours, les Linctôt, les Couillard, les Boucher, les d’Ailleboust, les Chambly, les Dugué, les d’Arpentigny, les Tilly, les Baby, les de Lotbinière, et maints autres nobles gens d’épée qui moururent presque tous dans les fréquents combats de ces temps chevaleresques dont les annales font aujourd’hui notre orgueil et notre gloire.

Harthing qui s’était cependant remis de sa surprise première, s’avança le front haut vers le gouverneur qu’il n’avait pas eu de peine à reconnaître au milieu de son état-major, tant l’habitude du commandement finit par laisser des traces sur la figure d’un vieil officier. Et, tendant un parchemin au comte, il lui dit en anglais avec aplomb.

— Voici la sommation par écrit que mon commandant l’amiral Sir William Phips vous envoie.

— Monsieur d’Orsy, dit le gouverneur qui, sans toucher au parchemin, garda son poing gauche sur la hanche, à la royale, et demeura le front ombragé de son large chapeau d’où jaillissait une gerbe de plumes blanches, veuillez prendre cet écrit et nous en traduire à haute voix la teneur.

D’Orsy prit le papier des mains du parlementaire et en traduisit le contenu à voix haute.

Un religieux silence règne dans la grande salle pendant cette lecture, silence à peine interrompu par le cliquetis des fourreaux d’épées qui heurtent le parquet, par suite de quelques mouvements nerveux de ceux qui les portent. Car elle est des plus