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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

Après maints détours, après mille circuits pour dépister notre homme, après l’avoir laissé se heurter plusieurs fois sur les quelques chaînes dont on avait barré les rues principales, l’escorte du parlementaire prit enfin le chemin du château.[1]

M. de Frontenac y attendait l’envoyé de Phips dans la grande salle, avec les officiers qui se trouvaient alors à Québec, et les gentilshommes des environs, que la première nouvelle du danger avait amenés auprès de lui.

Aussi, rien ne saurait peindre la surprise du parlementaire lorsque le bandeau tomba de ses yeux, et qu’il se trouva en si nombreuse et surtout en si bonne compagnie.

Ils étaient en effet dignes en tous points de figurer à côté de leur chef, ces braves gentilshommes qui n’attendaient qu’un mot de sa part pour sauver leur patrie d’adoption, ou mourir comme on mourait alors, le mousquet ou l’épée à la main.

Auprès du comte de Frontenac, dont l’extérieur digne et noble en imposait tant à ceux qui rapprochaient, venaient : d’abord le chevalier de Vaudreuil, le sieur Juchereau de Saint-Denis[2] dont la belle conduite durant ce siège lui devait mériter des lettres d’anoblissements, M. LeMoyne de Sainte-Hélène que la mort allait bientôt frapper au champ des braves, ses dignes frères MM. de Bienville et de Maricourt, et le major Provost que le lecteur connaît déjà.

  1. « Cet officier (le parlementaire) fut reçu sur le rivage ; on lui banda les yeux, et, avant de le conduire au château, on le promena longtemps autour de la ville, comme si l’on avait circulé parmi des chausse-trapes, des chevaux de frise et des retranchements. » M. Garneau, 3e édit : tome I, page 319.
  2. Il était l’ancêtre des Duchesnay.