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hirons cette nuit même si nos frères le désirent.

Un murmure désapprobateur des Canadiens accueillit ces paroles. M. de Mantet le fit cesser d’un regard et demanda au chef de le laisser conférer un instant avec ses officiers ; ce à quoi l’Indien consentit aussitôt en grimaçant un sourire.

Les Canadiens, dont l’espérance de frapper un grand coup sur leurs ennemis venait de s’évanouir par la décision subite et inattendue de l’Aigle-Noir, étaient exaspérés. Dans le premier moment de leur excitation, ils voulaient rompre complètement avec les alliés et marcher seuls contre Albany.

Mais leur commandant, qui était plus maître de lui-même et par conséquent plus en état de juger sainement de l’état des choses, leur représenta qu’il valait mieux encore accepter l’offre des alliés que de tout perdre par trop de promptitude et d’audace.

— Puisqu’il faut nous borner, disait-il, à attaquer un bourg au lieu d’une ville, nous compenserons cette différence par de