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charles et éva

ture, aux souliers de chevreuil qui chaussent ses énergiques pieds, enfin au bonnet fait d’une peau de renard, dont la queue lui retombe par-dessus les épaules, on reconnaît en cet homme un coureur des bois.

Rien d’extraordinaire dans sa figure, si ce n’est pourtant ses yeux, que l’on voit toujours en mouvement et qui semblent vouloir tout reconnaître dans l’obscurité de la nuit.

Cet homme, âgé d’un peu plus de cinquante ans, est le serviteur du jeune gentilhomme qu’il suit partout et qu’il a lui-même initié aux mystères des forêts vierges du Canada. Ayant été marin dans sa jeunesse, il a conservé une certaine teinte du langage et des idées propres aux gens de sa caste.

— Mille tonnerres, Monsieur Charles ! s’écria-t-il après un assez long silence qui avait régné entre les deux voyageurs, je commence à me dire en moi-même qu’il est temps que nous arrivions. Malgré la petite larme que vous m’avez donnée tout à l’heure, ce chien de froid menace de s’emparer de tout mon individu.

— Allons donc, Thomas, toi te plaindre du froid, répondit le jeune homme ; toi, un vieux coureur des bois !