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charles et éva

— Elle est-y belle ? demanda une de ses voisines.

— Dame ! tu verras betôt. Mais, chut ! vous autres, les voilà qui arrivent.

En effet le cortège nuptial s’avançait.

En tête marchait le père de Charles, vieux gentilhomme à la mine martiale et sévère. Ensuite venaient les deux fiancés, Charles à l’air tout rayonnant, et donnant le bras à celle qui dans quelques instants serait madame Dupuis, et cette dernière baissant chastement les yeux dont les longs cils ombrageaient ses joues colorées d’une pudique rougeur. Ensuite, venaient les parents et amis de la famille Dupuis ; enfin Thomas Fournier, la barbe faite — ce qui ne lui arrivait que dans les grandes occasions — revêtu d’un habit de drap qui jadis avait été neuf et dont M. Dupuis père lui avait fait présent, regardant tous les curieux d’un air narquois et fermant la marche. Quand tous furent entrés et placés dans la cathédrale, Maître Thomas alla trouver le bedeau, un ami à lui, et le pria de lui laisser sonner la cloche à sa place ; ce qui lui fut accordé. Quand le moment d’agir fut venu, le vieux chasseur mit tant de bonne volonté