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conclusion

qui se tenaient groupées près de la porte de la grande église de Québec.

— Qui y a-t-il donc, ce matin, la mère Bouchard ? demanda un petit vieillard tout grassouillet en s’approchant de l’une des femmes aux traits virils et au parler mâle, qui, les deux poings fermés sur les hanches, les cheveux tout ébouriffés, vêtue d’un mantelet d’indienne et d’un court jupon de droguet qui laissait voir une paire de mollets passablement musculeux pour le sexe de celle à qui ils appartenaient, babillait au moins dans deux tons plus haut que ses compagnes.

— Y a, y a, père Hébert, que le jeune M’sieu Dupuis s’marie à matin avec une demoiselle qu’il a amenée c’thiver des pays d’en haut oùs’qu’il a été faire la guerre aux Anglais avec mes gens.

— Mais, c’est y avec une Anglaise qu’il va se marier ?

— Non, père, continua la mère Bouchard en haussant la voix d’encore un ton, pour être entendue de tous et se donner de l’importance ; y paraît q’son père et sa mère étaient français comme vous et moé.