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charles et éva

ses regards. Non loin était la jeune ville de Montréal, encore à moitié enfouie à cette époque derrière des bouquets d’arbres, et dont les maisons blanches et peu nombreuses contrastaient avec ce qu’avaient encore de sauvage les bois d’alentours ; plus loin les derniers rayons du soleil couchant illuminant au loin la cime des monts de la rive occidentale, et colorant d’une dernière teinte argentée les eaux tranquilles du grand fleuve.

Cependant, les jeunes gens qui étaient venus reconduire Charles et ses compagnons jusqu’au rivage, voyaient la petite flottille disparaître peu à peu dans le lointain. Les chants de ceux qui la montaient allaient s’affaiblissant par degrés à leurs oreilles. Puis ils les entendirent bientôt expirer comme le murmure du zéphyr mourant dans le feuillage, ou comme les doux accords d’une harpe éolienne, lorsque les derniers soupirs du vent du soir viennent mourir sur ses cordes plaintives.

Par une matinée radieuse du mois de juin 1690, une grande agitation régnait parmi un nombreux rassemblement de commères