distance.[1] » Les rumeurs qui étaient parvenues aux oreilles de nos voisins, touchant l’organisation de l’expédition, s’étaient changées en faits trop positifs, ces bruits qu’ils avaient d’abord pris pour de vaines menaces étaient devenus de trop cruelles certitudes, pour que l’on refusât désormais de croire à l’audace, à l’intrépidité et au patriotisme de nos ancêtres.
Ni les éléments déchaînés, ni la distance, ni le nombre presque toujours supérieur de leurs ennemis, rien ne pouvait arrêter cette poignée de braves que la France transplanta sur les bords incultes et sauvages du Saint-Laurent, qui y introduisirent la civilisation au prix de leur sang et qui y luttèrent avec succès, pendant plus de deux siècles, contre des ennemis sans nombre acharnés à leur perte.
Et pourtant, après tant de sacrifices, de valeur et de sang répandu, après avoir regardé longtemps à l’horizon où était la France, à l’horizon où étaient leur espoir et leur vie, après avoir acquis la triste certitude qu’on les avait oubliés, là-bas, sur les terres lointaines qu’ils avaient rendues émi-
- ↑ M. GARNEAU, Histoire du Canada.