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CHAPITRE PREMIER
DE MONTRÉAL À SCHENECTADY

En l’an de grâce 1690, la ville de Montréal ne donnait qu’une bien faible idée de ce qu’elle est de nos jours. Quarante-huit ans s’étaient à peine écoulés depuis que M. de Maisonneuve en avait jeté les fondements. Quelques centaines d’habitations, la plupart d’assez chétive apparence, reposaient aux pieds de la montagne que couronnaient alors des pins antiques. Ces superbes enfants de la forêt semblaient contempler avec orgueil et dédain les pauvres demeures des colons, comme s’ils n’avaient point dû tomber un jour sous le tranchant de la hache et être remplacés par des constructions plus vastes et plus belles que celles qui étaient alors bâties au pied du « Mont-Royal ».

À l’instant où commence ce récit, on était à la fin de janvier 1690. Le jour faisait rapidement place à la nuit, qui s’annonçait froide. Tout était silencieux dans l’enceinte de Ville-Marie, dont les demeures