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à bon chat bon rat

bourreaux lui enfonça ses doigts dans les yeux qui lui sortirent de tête et lui descendirent sur les joues ! Je lançai les plus terribles malédictions contre ces bêtes féroces, et je fermai les yeux ; je ne voulais plus voir ! Pas un cri, pas une plainte du brave Mathurin. Il priait avec ferveur. Lorsqu’il eut les deux yeux crevés, il me cria d’une voix déchirante : « Prends soin de ma pauvre vieille mère si tu en reviens, Thomas. — Je te le jure, que je lui dis. — Adieu, je meurs content, acheva-t-il.

Ce furent ses dernières paroles, car j’entendis le bruit d’un casse-tête qui lui broyait le crâne. Un rire infernal s’échappa de ces bouches maudites et quand je rouvris les yeux, tous se jetèrent avec furie sur le corps du malheureux Pierre dont il ne resta bientôt que les os.

Ici de grosses larmes coulèrent sur les joues hâlées du conteur. Plusieurs des auditeurs ne purent s’empêcher d’en faire autant. Éva surtout, cette sensible enfant, pleurait à chaudes larmes. Après quelques instants de silence, Thomas reprit :

« Inutile de vous parler au long de ce qui se passa les deux jours suivants. Je remar-