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éprouvait. J’allais lui parler quand l’un des Agniers vint nous apporter à chacun un morceau d’orignal pour notre souper. Je voyais bien que nos ennemis voulaient bien nous nourrir afin de nous maltraiter plus ensuite. J’avais les pieds et les jambes libres, n’étant lié à l’arbre que par les bras et le milieu du corps ; aussi quand l’Indien fut à portée, je lui lançai dans le ventre le coup de pied le mieux soigné du monde ; mon homme alla donner de la tête contre un arbre. Quand il se releva, il se tenait d’une main le crâne et de l’autre la bedaine où il paraissait avoir une fameuse colique ; ce qui fit rire aux éclats Messieurs ses confrères. Me montrant alors le poing et grimaçant comme tous les diables, il alla s’asseoir contre les autres.

Il était bien facile de deviner qu’ils machinaient contre nous quelque plan infernal ; car ils caquetaient comme des commères en nous regardant.

Je demandai alors au pauvre Pierre s’il souffrait beaucoup. Il me répondit qu’il souffrait affreusement et qu’il sentait bien qu’il n’en avait pas pour longtemps.

J’enviai son sort en pensant qu’il mour-