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à bon chat bon rat

pus ouvrir les yeux, il faisait petit jour, les Agniers s’étaient ralliés et arrêtés au milieu du bois et se reposaient un peu du fameux trot qu’ils venaient de faire. Je vis alors à côté de moi et garrotté ainsi que j’étais, ce pauvre petit Pierre Mathurin qu’ils avaient aussi pris. Apparemment que les blessures dont il était criblé l’avaient fait évanouir car il ne répondit pas aux paroles que je lui adressai. Pour moi, la caboche me faisait un mal d’enfer : ça me cognait en dedans, toc, toc, ça me faisait si mal, si mal, que je tombai de nouveau en faiblesse, et bonjour la compagnie.

Quand je me réveillai, c’était le soir ; les quatre-vingts et quelques Agniers qui nous amenaient prisonniers venaient de camper et d’allumer les feux du soir. Pierre Mathurin et moi étions attachés à deux arbres, à sept ou huit pieds l’un de l’autre. Le pauvre Pierre (que Dieu ait pitié de son âme)…

— Quoi ! il est mort, interrompit l’un des auditeurs.

— Hélas ! oui, continua Thomas d’un air plus triste. Mais, je poursuis. Je disais donc que le pauvre Pierre était bien affaibli par le sang qu’il avait perdu et les douleurs qu’il