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épaules. Charles l’imita et tous deux reprirent à la hâte le chemin du camp. Ils n’avaient qu’à suivre les pistes que Charles avait laissées sur la neige, en poursuivant sa proie, ce qui lui fit cependant faire beaucoup de détours inutiles, Thomas Fournier précédait son maître qui déchirait à belles dents un morceau de chair crue, et savourait avec délices ce repas sanglant.

Quand ils arrivèrent au camp, tout y était dans le même état que lorsque Charles s’en était éloigné, poussé sans doute par la Providence qui avait décidé, que le dernier jour de tous ces braves n’était pas encore arrivé.

Lorsque ceux auxquels il restait encore quelque connaissance aperçurent les deux arrivants, le premier ployant sous le poids de son fardeau et le second achevant de dévorer un reste de chair sanglante, ils les prirent sans doute pour deux fantômes, et crurent être le jouet d’une nouvelle hallucination. C’était pour eux une des cents illusions, un des mille rêves qui avaient troublé leur cerveau malade, depuis qu’ils étaient en proie à cet engourdissement général qui accompagne ordinairement l’inanition.

En effet, rien de plus extraordinaire, de