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deux rencontres

trement ; mais peu importe pour le quart d’heure.

Charles, ravivé par les quelques gorgées de sang chaud qu’il vient d’avaler, peut enfin se relever et ses idées reprenant peu à peu leur cours ordinaire, il s’écrie :

— Mais est-ce bien toi, Thomas ? D’où viens-tu ?

— On vous contera ça plus tard, car c’est un peu long. Mais vous, comment vous trouvez-vous ici, et en cet état ? Que sont devenus les autres ?

Alors, Charles lui expose en peu de mots comment la troupe s’est séparée en deux détachements et en quelle situation désespérée, il a laissé ses compagnons de misère.

— Dans ce cas-là, dépêchons-nous, lui dit Thomas, débitons l’orignal, emportons avec nous, autant de viande que nous pourrons et allons rejoindre au plus vite les amis qui se meurent de faim, comme des poissons à sec sur le rivage.

Ce qui fut dit fut fait, et il ne resta bientôt plus de l’animal que le squelette et les entrailles. Ôtant alors son pardessus, Thomas le convertit en une espèce de sac qu’il remplit de venaison et chargea sur ses