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charles et éva

orignal qui semble regarder ces cristaux de glace avec une curiosité féminine.

Soit dit en passant, il n’y a rien de plus curieux qu’un orignal.

Charles reste quelques secondes sans mouvements, ne paraissant pas comprendre qu’à la portée de son arme il a la vie d’Éva et de ses compagnons. Mais Dieu lui envoie un moment lucide, et, épaulant son fusil avec la rapidité de l’éclair, le chasseur fait feu sur l’animal qui bondit de surprise et de douleur en s’élançant au plus épais du bois.

Touché — s’écrie Charles qui voit en poursuivant l’orignal une longue traînée de sang sur la neige. Quoique blessé, le pauvre animal court à quelque trente pas de lui et assez vite pour fatiguer un homme frais et dispos. Que va donc faire le chasseur affaibli qui se lance à sa poursuite ? Il s’est ranimé ; la fièvre, la joie, le délire, la vue de la proie qui va peut-être lui échapper et qui bondit en avant de lui, centuplent ses forces. Ce n’est plus un homme, c’est une furie. Il a jeté à terre son fusil déchargé, et, les cheveux au vent, brandissant son couteau de chasse, il poursuit sa victime. Mais l’ori-