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CHAPITRE VI
LA FAIM ENGENDRE DEUX RENCONTRES

Une activité fébrile l’anime, et il marche ou plutôt il court avec une ardeur dont on ne croirait pas capable un homme qui a passé quatre jours sans manger. Mais il se heurte à chaque instant contre les arbres, se déchire sur les branches les plus basses dont quelques-unes le frappent dans la figure, et tout cela sans plus s’en occuper qu’une statue que l’on battrait de verges.

Cependant, une forte branche qui est à la hauteur de son visage l’oblige à s’arrêter, puis à lever la tête pour changer sa course. Mais le voilà immobile, ses yeux se raniment et brillent d’un nouvel éclat.

Il est là, un pied en avant, le corps incliné, l’œil anxieux, l’oreille au guet. Qu’a-t-il donc ?

Eh ! bien, devant lui, à trente ou quarante pas, entre deux pins énormes, la tête élevée au-dessus de quelques broussailles dont les branches chargées de verglas brillent au soleil comme des diamants, est un jeune