Page:Marmette - Charles et Éva, 1945.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.
141
la faim

cer un seul mot, firent la provision de bois et allumèrent le feu pour la nuit, ce qui apporta quelque soulagement aux pauvres malheureux dont déjà les habits commençaient à se geler sur eux ; car la pluie avait cessé et le froid prenait sa place.

Quelle triste nuit !

Le lendemain, Charles était debout avec l’aurore. Le jeune homme avait une énergie incroyable, prit un fusil, alla chasser et revint deux heures après… les mains vides.

Il ne pensa pas même à donner l’ordre de se remettre en marche : cela aurait été de la folie. Sans se débarrasser de ses raquettes (circonstance que je prie le lecteur de vouloir bien remarquer et dont l’utilité aura plus tard son explication) il s’assit auprès d’Éva, dont les regards égarés suivaient tous ses mouvements. Elle était digne de l’amour de Charles, digne de lui en tous points ; elle souffrait, mais, sans se plaindre.

Le jeune homme eut froid au cœur, en la voyant si belle, si jeune, si souffrante et si résignée. Il se reprocha amèrement, il s’accusa, sans penser aux raisons qui l’en avaient forcé de l’avoir amenée. Et des larmes commencèrent à sillonner ses joues