mais de même couleur que l’ivoire. Ses cheveux tombent en désordre sur ses épaules et glissent jusque sur la neige où se confondent leurs boucles soyeuses. On la croirait morte si l’on n’entendait l’haleine embarrassée qui sort péniblement de sa poitrine, et soulève son sein à intervalles inégaux.
Le jeune homme sur l’épaule duquel repose la tête inerte de la jeune personne est aussi insensible que sa compagne de souffrance. Sa tête renversée en arrière s’appuie sur son bras gauche arrêté sur le tronc d’un arbre renversé. Ses joues sont livides, décharnées, et, ses yeux noirs, qui doivent lancer des éclairs lorsqu’ils sont animés par une émotion forte, ont maintenant quelque chose de hagard qui fait peur à voir.
Quelles vapeurs pestilentielles, quel souffle de mort ont donc passé au-dessus de ces êtres humains ? C’est la faim qui cause toutes ces souffrances, cet anéantissement presque entier des forces physiques et morales ; la faim, cet hôte terrible, ce spectre hideux qu’il est pourtant surprenant de rencontrer dans la solitude des forêts que dans nos villes où s’agite en tous sens une population nombreuse.