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charles et éva

blait chercher aux cieux celui qui a toujours pour agréable, la prière d’un cœur pur.

Subjugués par cette scène, les Canadiens et les Hurons, qui en étaient témoins s’agenouillèrent aussi : tous étaient émus et éprouvaient le besoin de prier.

Il faut être homme du peuple, il faut être Indien pour se laisser aller ainsi sans fausse honte à ces élans pieux. L’homme gâté par la civilisation peut prier lui aussi, mais il le fait le plus souvent avec contrainte et il semble fuir les regards de ses semblables pour parler à son Dieu. Aussi sont-elles différemment accueillies les prières du pauvre chasseur et de l’enfant de la nature, qui s’agenouillent sur la neige froide, et sous les arbres d’une forêt vierge, et celle de l’homme du monde qui prie avec distraction sous les voûtes dorées du temple !

Cependant cette étincelle de vie qui s’était ranimée pour quelques instants chez l’Aigle-Noir, s’éteignit rapidement.

Il fit signe à Éva de se rapprocher et lui dit :

— Ma sœur me pardonne-t-elle tout le mal que j’aurais voulu…

Et sa voix n’était plus qu’un souffle.