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le lendemain du combat
attendre. Mais quel nom donner aux tortures que doit éprouver le malheureux qui promène son indigence méprisée dans les rues d’une cité riche et populeuse. Ses haillons, qui laissent incessamment pénétrer jusqu’à ses membres grelottants, le souffle glacial d’un vent d’hiver, frôlent à chaque pas les vêtements confortables et les riches fourrures dans lesquels se drape l’insoucieuse opulence. En vain, il tend la main ; la foule indifférente passe et repasse sans le regarder. Et cet infortuné n’a pas mangé depuis la veille, depuis deux jours peut-être ! Puis, lorsqu’après une course infructueuse il regagne son logis, il trouve pour accueillir sa misère une femme, de petits êtres transis de froid dont il est le père, et qui lui demandent à grands cris du pain qu’il ne peut leur donner. À quelques pas de cette demeure, des gens vivent, s’amusent et sont heureux

La souffrance qu’éprouve l’homme dévoré silencieusement par la faim dans la solitude des forêts, c’est la rage qui s’épuise en vains efforts, et ne voit autour d’elle rien qui puisse la soulager ; la torture de celui qui se meurt d’inanition au milieu de ses