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Alors, il se mit à panser sa blessure ; le sang étant venu à se coaguler, il se remit en marche.

Il avait plus de soixante milles à faire avant de rejoindre un parti de cent soixante guerriers de sa nation qui chassaient en ce moment à l’ouest du lac Saint-Sacrement, près duquel ils étaient campés.

Il fallait à cet homme une énergie à toute épreuve, et la soif ardente de la vengeance, pour supporter la douleur que lui causait sa blessure à chaque pas qu’il faisait. N’ayant, de plus, aucune provision avec lui et ne rencontrant point de gibier, il passa près de deux jours sans manger.

Mais il marchait toujours, soutenu qu’il était par la rage et la fièvre qui le surexcitaient.

Vers la fin de la seconde journée, il aperçut enfin un jeune orignal qu’il tua d’une flèche. Il mangea avec avidité un morceau de chair crue de l’animal, en emporta quelques livres avec lui, et, ranimé par ce repas sanglant, il continua sa marche. Mais il était bien faible et avançait lentement.

Sur la fin du troisième jour, il était en vue du camp des Agniers. Il était temps,