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des Gérold. Il y avait là comme un sentiment d’allégresse, celui que l’on éprouve quand on n’est point arraché à sa demeure, quand il est permis d’y rester, d’y vivre et d’y mourir ; en effet, les bosquets, la fontaine qui bavardait sans relâche, les moineaux qui s’interpellaient joyeusement, rien de tout cela n’était troublé dans ses coutumes, rien ne se ressentait de l’agitation éprouvée par les araignées et les cloportes, brusquement délogés de leurs refuges, et jadis protégés par les armoires et les bahuts séculaires meublant le château. Le spectacle que celui-ci offrait était, de fait, lamentable : on eût dit que la guerre, avec tout ce qu’elle comporte de malheurs et de ruines, avait passé comme un ouragan au travers de ce vieux logis ; les murs étaient dépouillés, et le parquet de la salle à manger se trouvait couvert d’objets hétéroclites jetés au hasard. Tout ce que plusieurs générations de maîtresses de maison habiles et bien avisées avaient accumulé dans leurs armoires à linge, tout ce que leurs époux avaient acquis par héritage ou de leurs deniers, en fait d’argenterie, d’armes, de meubles, était parsemé dans cette vaste pièce, exposé