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che et les voyageurs purent apercevoir, s’y engageant, l’équipage élégant qui appartenait à Mlle Béate de Gérold.

— N’étions-nous pas assez malheureux, dit M. de Gérold en soupirant, et faut-il que ta peine ait encore été aggravée par cette rencontre !… et d’un coup d’œil il désignait la jolie voiture qui fuyait à l’horizon.

— Elle ne m’a point fait de peine, Jean. Je la connais mieux que personne, et n’ai point contre elle les préventions qu’elle inspire généralement, répondit Claudine. Elle avait assis sa nièce sur ses genoux et pressant son visage dans l’épaisse chevelure blonde de la petite fille, elle avait évité de jeter autour d’elle les regards désolés que son frère attachait sur ce paysage si familier. Béate est rude, elle blesse involontairement, elle semble indifférente aux peines d’autrui, par timidité et maladresse bien plus que par malveillance. Il y a des êtres auxquels la nature a refusé le don de se faire comprendre, et par conséquent de se faire connaître. Ils sont pendant toute leur vie jugés sur les apparences que l’on n’a point le loisir ou la bonne foi de