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près de toi, dit-elle d’un ton à la fois doux et ferme.

Jean fît quelques pas en arrière.

— Comment ?… tu veux rester près de moi ?… Partager ma misère… Jamais, Claudine, jamais ! Notre beau cygne, la joie et la consolation de tous ceux qui la connaissent, irait s’ensevelir dans le nid des hiboux ! Pour qui me prends-tu, si tu crois que je pourrai jamais accepter une pareille immolation ? Je me retire volontiers, et même l’âme paisible, dans ce vieux logis qui t’appartient par héritage, et dont tu m’as généreusement offert l’abri. J’y vivrai tranquille et même satisfait, parce que j’ai mon fidèle compagnon, qui est mon travail. Il me délivre de tout souci, il adoucit mon pain sec et jettera des reflets dorés sur ces vieilles murailles dénudées ; mais toi ? Toi !…

— J’ai prévu cette protestation, et j’ai agi en conséquence, répondit Claudine, en levant sur son frère ses yeux aux paupières garnies d’une épaisse frange formée par ses cils… Je sais que tu n’as pas besoin de moi, que tu es un ermite patient et silencieux. Mais que deviendrait ta petite Élisabeth ?