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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

contient près de 200 boutiques, ayant chacune sa spécialité. Par tous les temps et dans toutes les saisons, la circulation est intense sous le promenoir. On y entend toutes les langues d’Europe ou d’Asie, on y rencontre tous les types humains, on y croise tous les costumes, depuis le cafetan du Sarte, bordé d’un liséré de fourrure et ouvert sur une longue tunique de couleur tendre, jusqu’aux derniers modèles de la mode parisienne. C’est un lieu de rendez-vous et de caquetages autant que de négoce. Quelques semaines avant la Révolution, on s’y pressait encore autour de la petite boutique du marchand grec, d’où s’échappait une alléchante odeur de sucre brûlé. On trouvait là toute la bonbonnerie chère à l’Orient… et à la gourmandise des Russes. Le sucre, devenu rare, a terriblement renchéri ; la boutique du marchand grec et ses noix caramelées, son halvatt et ses figues confites s’en ressentent.

Aujourd’hui, une étrange scène se déroule à Gostiny-Dvor. Un jeune homme en costume d’étudiant, juché sur une estrade improvisée, crie et gesticule. Nous approchons. On entend :

— Le numéro d’hier du journal de Moscou