Page:Markovitch - La Révolution russe vue par une Française, 1918.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

fripé de l’hôpital, a été remplacé par un autre où la croix-rouge flamboie dans de la blancheur neuve. Et cela émeut comme un symbole… Un ouvrier, grimpé sur une échelle, est occupé à ficher un grand drapeau rouge dans des crampons de fer nouvellement posés. L’air matinal est frais, un peu piquant, tchisti (propre), comme disent les Russes, débarrassé des impuretés qui le rendaient lourd.

La vie normale reprend. Les ménagères, cabas au bras, attendent leur tour pour le pain devant les boutiques. Elles causent entre elles ou échangent avec les passants des réflexions rapides.

— Eh bien ! est-ce qu’il y aura du pain, maintenant ?

Bôudiet ! Bôudiet ! (Il y en aura ! il y en aura !) Et bien meilleur : du pain de la révolution !

Car tout le monde a confiance et attend du gouvernement plus peut-être que les circonstances ne lui permettront de donner. Quelques isvostchiks sont venus prendre l’air de la rue, avec des chevaux ragaillardis par une semaine de paresse. Un traîneau villageois