Page:Markovitch - La Révolution russe vue par une Française, 1918.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

l’hôtel Astoria. On y attendait les révolutionnaires. Les salles du bas étaient bondées de voyageurs alarmés, de femmes en pleurs. Quelques-unes, affolées, voulaient fuir. On les en dissuada. La maison était entourée. Deux soldats, sortis de l’hôtel quelques instants auparavant, avaient été tués avant d’avoir fait dix pas. Le désordre, la démoralisation régnaient parmi les habitants de l’hôtel. Tout à coup, un général de cavalerie se met à les haranguer. Il invite les officiers à prendre leurs armes, les dames à aller attendre dans leurs chambres l’issue de la lutte.

« Alors des scènes poignantes se déroulèrent. Des femmes sanglotaient en s’attachant à leur mari quelles refusaient de quitter. D’autres demandaient courageusement à combattre avec les hommes. Les plus timides se précipitaient vers l’escalier pour chercher un refuge aux étages supérieurs. Le luxe des toilettes et des bijoux ajoutait, par contraste, au tragique des visages blêmis ou gonflés de larmes.


« Longtemps on attendit : les révolutionnaires ne vinrent pas. Vers minuit, je me