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LA RÉVOLUTION RUSSE

Avant-hier, lundi, chargé d’une mission secrète, le jeune homme se rendait à l’Arsenal. Arrivé à la Chpalernaïa[1], il se heurte aux révolutionnaires qui faisaient le siège du grand établissement militaire. Son costume le rend suspect. Déjà les massacres d’officiers commençaient. On tire Bournsteïn de son automobile, on l’insulte ; enfin, on décide de le fusiller immédiatement. Le jeune homme, face à la foule, se croise les bras. Mais comme les fusils sont déjà braqués sur lui, un ouvrier crie :

— Tout de même, on ne peut pas fusiller un jeune brave qui a trois croix et une médaille de Saint-Georges sur la poitrine. Camarades, baissez les fusils !

Et on lui rend sa liberté.

Il n’en profite que pour continuer de remplir sa mission.

Sur la Newsky, près de Notre-Dame de Kazan, l’officier qui conduisait l’automobile est tué à son côté : lui-même est insulté par la foule.

— J’étais écœuré, dit-il. Je me rendis à

  1. Rue le long de laquelle s’étend l’Arsenal, en angle avec la Perspective Litiény