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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

mands franchissent la frontière, actuellement ouverte par l’absence de police : ce sont eux qui tâchent d’exciter le peuple, afin d’augmenter et surtout de prolonger les désordres… La Russie se laissera-t-elle prendre à leur manœuvre grossière ?…

Visite d’un jeune israélite, Alexandre Bournsteïn. Trois croix de Saint-Georges, une d’or et deux d’argent, plus une médaille ornent sa poitrine. Ces décorations témoignent d’un courage d’autant plus incontestable que le gouvernement russe n’a toujours accordé qu’à son corps défendant de telles marques d’honneur aux Juifs. Après avoir combattu deux ans environ, sur presque tous les fronts, successivement, Alexandre Bournsteïn, pourvu des meilleurs témoignages de ses chefs directs, demanda à suivre la carrière d’officier. Comme Juif, on le lui refusa. Découragé, il quitta le front. Il est aujourd’hui voyenni tchinovnik (fonctionnaire militaire) dans une usine de Pétrograd, avec le titre de praportchik[1] qui est le premier grade d’officier.

  1. Ce titre n’était donné aux Juifs qu’à l’arrière et, sur le front, dans la Croix-Rouge. Ils ne pouvaient entrer dans l’armée active que comme simples soldats.