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LA RÉVOLUTION RUSSE

petits traîneaux s’arrêtent, traînés à bras. Un drap blanc en recouvre la charge. Des soldats les accompagnent… Deux moujiks plantés devant le portail chuchotent, les bras ballants, les mains immobilisées par leurs moufles… Le dvornik paraît ; puis viennent les sœurs de charité… L’une d’elles se penche, soulève un coin du drap… Aux vêtements bruns, vaguement aperçus, nous devinons la nature de la charge sinistre. Le portail s’ouvre, les petits traîneaux, suivis des sœurs et accompagnés des soldats et des moujiks s’engouffrent sous le porche sombre, silencieusement…

9 heures. — Toute la ville est entre les mains des révolutionnaires. Les troupes de la Douma occupent le Palais d’Hiver. Le peuple exige l’abdication de l’Empereur. Des cris de : « À bas la guerre ! » ont été poussés ; mais ils émanent de quelques socialistes turbulents que le gros de la nation ne consent pas à suivre, — et surtout de provocateurs.

Tous les jours, de nouveaux espions alle-