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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

ganisés, n’en cherchez pas la raison ailleurs[1]. »

Et maintenant, le peuple se venge. Sur tous les points de Pétrograd, toutes les prisons, tous les postes de police sont en feu. Si l’on a brûlé le Palais de Justice, c’est qu’aux yeux du peuple russe il représentait la forteresse policière comme, pour le peuple de Paris, la Bastille était celle de la tyrannie.

Après les monuments, les individus ! La chasse est commencée, terrible. Elle ne s’arrêtera que lorsque le dernier gardavoï aura été tué ou mis hors d’état de nuire désormais. Malheureusement, ces vengeances collectives, ces exécutions sommaires ne vont pas sans de regrettables excès. Si le tir de la rue, répondant à celui des toits, est une joute sanglante où les risques sont égaux, la poursuite des misérables fuyards, traqués jusque dans les maisons, révolte. En cette heure

  1. La vigilance des censures russe et française sur tout ce qui concerne la situation intérieure de la Russie depuis le commencement de la guerre, a obligé les malheureux journalistes à des silences qui ressemblaient parfois à des compromis de conscience. La Révolution, née du désir des réformes, lève le sceau sur toutes les lèvres et sur toutes les plumes et restaure enfin le droit de chacun à la connaissance de la vérité.