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LA RÉVOLUTION RUSSE

dresse nous appelons Béboussy — et qui a cinq ans, dort comme un ange dans son petit lit. De crainte qu’une balle égarée ne pénétrât à travers les vitres, on l’a abrité derrière une grande armoire pleine de linge et de vêtements.

Il est près de trois heures du matin lorsque nous regagnons nos chambres pour y prendre un repos anxieux que les coups de feu entrecoupent de brusques réveils.


Mardi 28. février/12 mars. — Lever matinal. Nous avons le visage pâle, les traits tirés. Nos âmes sont brisées d’émotion et nos corps de fatigue. À peine si l’on goûte au déjeuner auquel on s’attarde si agréablement d’habitude.

La rue est pleine de soldats et de matelots portant le fusil avec la baïonnette au canon.

Des attroupements se forment sur le seuil des portes. Au premier coup de feu, hommes, femmes et enfants s’engouffrent sous les porches, se ruent sur les portails, se précipitent au fond des cours !

Malgré le froid qui recommence à sévir, les sœurs de charité d’un hôpital de la ville,