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LA RÉVOLUTION RUSSE

quarante cadavres gisent sur la place. On tire des fenêtres et des toits de l’Hôtel du Nord. En face de l’Hôtel, la gare Nicolas est en feu !

Le bruit court que le général Aléxéieff est attendu à Pétrograd et que l’Empereur l’a nommé dictateur. M. Rodzianko a envoyé un second télégramme au Tsar : « La situation empire. Il faut prendre des mesures immédiates ; demain il serait trop tard. L’heure suprême est arrivée où vont se résoudre les destinées du pays et de la dynastie. »

Le lieutenant S. et sa femme rentrent du théâtre, avec deux amis, — deux voisins — qu’ils y ont rencontrés. Il est minuit ; nous prenons le thé en commentant les événements.

La représentation du ballet a eu lieu sans incidents. Toutefois, on remarquait des vides dans la salle ordinairement archi-comble. Beaucoup d’automobiles de maîtres stationnaient devant la porte. Cela prouve que, de ce côté au moins de la Néva, la circulation est encore possible. En dehors des autos ou des équipages privés il ne reste plus aucun moyen de locomotion. Des traîneaux, montés et conduits par des révolutionnaires, par-