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LA RÉVOLUTION RUSSE

— Je ne sais plus où je suis ; non, vrai, je ne sais plus ! Est-ce que vous ne pourriez pas me conduire quelque part ?

À côté de la mairie où nous nous rendons se trouve un ancien outchastok. Le nouveau commissariat de police s’y est installé. Mon ami a pris le soldat sous le bras. Très en confiance, il se laisse conduire tranquillement. Le commissariat de la Révolution ne lui fait pas peur. On n’y est pas, comme à l’outchastok d’autrefois, accueilli par des injures et des coups.

— Allons, mon brave, nous voici arrivés, dit mon ami en installant sur un banc « le camarade » déjà à moitié endormi. Tâchez d’être à l’appel demain matin à la caserne et de vous garder l’esprit libre pour les élections…

La Révolution a changé du tout au tout la physionomie du quartier de Spassky où je me suis rendue hier. On dirait que tout le monde s’y est réveillé d’un long sommeil. La question des élections s’y débat dans toutes les boutiques. Les partis sont entrés en pourparlers afin d’établir un bulletin commun où chacun d’eux aura ses représentants. Au mee-